GOLDEN AXE : UNE AVENTURE 24 CARATS
« Voici l’histoire d’une épopée oubliée des hommes, une époque où la lumière et les ténèbres étaient en perpétuel conflit. C’était l’apogée de l’Âge hyborien et de ses combats mythiques. »
Telle aurait pu être l’introduction de cette série épique développée sur une multitude de supports et qui fît l’objet de plusieurs spin-off. Afin de ne pas déborder et rendre ce dossier/test digeste, seules les versions arcade de Golden Axe et Golden Axe: Revenge of Death Adder seront décortiquées, ci-dessous. Aiguisez votre épée et lustrez votre corps musclé, l’aventure commence maintenant !
La naissance du mythe
Les années 80 se terminent et les beat’em all sont encore bien timides. Même si le Renegade de Technos fait parler de lui en arcade comme sur micro, on est encore très loin d’une technique aux petits oignons. En 1989, ce vide sera très vite comblé par l’arrivée successive de 3 hits en puissance : Double Dragon (Technos), Final Fight (Capcom) et enfin Golden Axe (Sega).
Entre pré-antiquité et essor de civilisations, Golden Axe offre un univers rempli de barbares, amazones sexys et autres créatures fantasmagoriques. Même si tout ceci n’est pas sans rappeler l’univers du film « Conan le Barbare » de John Milius, le projet apporte un ensemble aussi hiératique qu’une épopée littéraire généralement très prisée. De plus, la réalisation du jeu est confiée à Makoto Uchida qui s’est illustré avec des titres comme Altered Beast ou Dynamite Cop. Autant dire que Golden Axe a toutes les cartes pour réussir. Et c’est ce qu’il va faire.
Les aventuriers de l’Hache perdue
L’histoire du jeu narre les aventures de 3 héros aux vies brisées par le décès de leurs proches et décidés à se faire vengeance. En effet, le maléfique Death Adder, venu des entrailles de l’enfer, sème terreur et désolation sur le territoire. Muni de la Golden Axe, offrant force et pouvoir décuplés, Death Adder capture le roi et sa fille et soumet le royaume à l’esclavage grâce à ses sbires. Le salut du peuple ne repose plus que sur un barbare, une amazone et un nain.
Ax Battler : la mère de ce guerrier a été tuée par Death Adder lui-même. Du muscle, une épée à deux mains et d’la baston, voici quelques mots pour résumer le profil de notre barbare. Ax Battler est un personnage bien équilibré que ce soit en attaque ou magie. Il possède la particularité de se débarrasser des assaillants dans son dos avec un "spin attack" (attaque spéciale).
Tyris Flare : sexy et vêtue d’un bikini rouge, Tyris n’en est pas moins une redoutable combattante. Bien qu’un peu plus faible dans ses coups que ses homologues masculins, elle utilise sa rapidité et sa magie pour compenser. Mademoiselle l’amazone dispose aussi d’un "spin attack" et a la particularité d’avoir une "dash attack" qui fait mouche à tous les coups. Il ne lui en faudra pas moins pour tuer le meurtrier de ses parents.
Gilius Thunderhead : petit par la taille mais grand par sa force, Gilius ne ressemble pas à son homologue qui trône au milieu du jardin. Véritable nain de guerre, il frappe ses ennemis avec une hache et a soif de venger son frère. Même si ses coups sont puissants, ils sont aussi lents. Gilius dispose de la magie la plus faible des 3 héros. Son attaque spéciale est un "backward roll "; une roulade qui lui permet d’être invincible quelques instants. Un personnage à réserver aux plus expérimentés.
Un joystick, 3 boutons, plusieurs possibilités
Une des forces du jeu est son gameplay riche qui balaie ses contemporains. Alors que les variétés de coups étaient toujours limitées, Golden Axe ouvre la voie avec une palette plus large d’actions :
Combos : En appuyant rapidement sur le bouton "attack" il est possible de faire une succession variée de coups (jusqu’à 4) sur un même adversaire. Chaque coup est plus puissant que son prédécesseur.
Projection : Lorsqu’un ennemi est sonné, il est facile de le projeter en se rapprochant de lui avec le bouton "attack".
Attaque aérienne : Un classique "jump" + "attack" mettra facilement votre adversaire à terre.
Dash attack : Deux coups de joystick pour courir et proche de votre cible, appuyer sur "attack". Vous obtiendrez un coup d’épaule ou de pied qui dégagera l’ennemi loin de vous. Pratique, comme les projections, lorsqu’on se bat près de falaises ou précipices. Notez que vos personnages sont dépourvus d'ombres au sol, ce qui rendra, parfois, difficile de jauger des mouvements.
Death Jab : Attaque redoutable qui peut tuer un adversaire faible en 1 coup. Il suffit de dasher, sauter et porter une attaque. Attention au timing et à être précis. Un ratage sera sanctionné par une punition.
Durant l’aventure qui vous mènera jusqu’au château de Death Adder, vous pourrez désarçonner des ennemis de leurs montures fantastiques et les chevaucher à votre tour. Trois types de Bizzarians seront à votre disposition : Cockatrice (sorte de grosse souris à 2 pattes avec un bec de perroquet) et deux dragons ; un bleu ou un rouge. Le premier crachera un jet de flammes en diagonale, tandis que l’autre fera sortir une boule de feu de sa gueule.
Votre objectif est là : Death Adder !
Dans ce monde, la magie tient aussi un rôle important. Chacun des guerriers peut déclencher, lorsqu’il en a la possibilité, un cataclysme, une vague de feu ou un déluge d’éclairs. Ces attaques ravageuses sont gérées via des fioles bleues. La quantité de fioles récoltées défini le niveau de force de l’attaque. On remarquera que pour chaque niveau de force, on a droit à une animation différente de l’énergie déployée, ce qui est fort sympathique. Autre remarque, les personnages n’ont pas les mêmes niveaux de force. Ainsi Tyris peut monter jusqu’à 6 niveaux de puissance alors que ce pauvre Gilius n’en arrive qu’à 3. Lors d’une partie à 2 joueurs, il faudra bien se mettre d’accord la stratégie à adopter à ce sujet et qui récolte les fioles en priorité.
Fukushima en direct
Durant tout le chemin, les fioles ou la nourriture seront disséminés grâce à de petits lutins facétieux. Pour cela, il suffira de leur donner un coup bien ajusté pour que ces crapules vous lâchent l’un ou l’autre des ces items. Lors des phases de repos (campement), les lutins vous voleront vos précieuses fioles. Réveillez-vous et apprenez leurs qu’on ne déleste pas impunément les héros du jeu. Récupérez votre camelote et plus encore. Pour les plus fourbes d’entre-vous, il sera aussi possible de frapper votre co-équipier durant cette phase. On ne sait jamais, après tout … il pourrait le mériter.
System 16 inside
Outre son excellent gameplay, Golden Axe a aussi d’autres atouts dans sa manche et ceci grâce à sa carte d’exploitation « System 16 » et ses capacités assez avancées pour l’époque.
C'est la merguez, merguez party ! Tant qu'y a d'la braise, c'est pas fini !
Au niveau visuel, même si la palette des couleurs est un peu terne, les décors sont bien détaillés et on se laisse surprendre par l’idée des stages. En effet, ces derniers sont des zones de combats directement implantées sur le dos d’animaux gigantesques. Lorsqu’on traverse les champs de batailles, on observe aussi de beaux effets de parallax qui étaient impressionnants à l’époque. Les ennemis, bien que limités en nombre, se révèlent assez plaisants et bien animés. À ce propos, mention spéciale aux squelettes qui font furieusement penser aux créations de Ray Harryhausen (dans le film Jason et les Argonautes) ainsi qu’aux petites scénettes ci et là présentant l’esclavage du régime de Death Adder. On remarquera aussi que le gore est présent lors de la mort de Death Adder ou lors du roster avec quelques gouttes de sang qui perlent de la main du squelette. La version US en sera dépourvue.
Autre point très important du succès de Golden Axe est certainement les musiques ainsi que les effets sonores. Impossible de ne pas reconnaître des titres comme "The Wilderness" ou "Battle Field". Bien inspirés et puissants, on reconnaît là, la patte de Tohru Nakabayashi (Thunder Blade). Un choix absolument justifié avec des percussions et des similis de cuivres. Durant le jeu on peut aussi entendre quelques digitalisations de voix (certes un peu "parasitées") qui, selon la légende, auraient été reprises de films comme « First Blood » ou « Conan le barbare » (tiens, tiens).
Et de nos jours ? Quel intérêt ?
Soyons franc, plus de 20 ans ont passé et Golden Axe ne plaira qu'à une catégorie bien précise de joueurs : les nostalgiques et/ou collectionneurs. Un jeu pour lequel on joue avec plaisir tout en gardant à l'esprit le contexte d'un passé riche en émotions et admirations.
Le point noir inhérant au temps qui pourrait choquer le plus de joueurs est certainement sa durée de vie ; avec un bon powerplay, il ne vous faudra pas plus de 25 minutes pour en venir à bout (d'ailleurs la version Megadrive a dû être agrémentée d'un complément). Si l'on compte le prix de la PCB, ça fait cher la minute de jeu. Gardons seulement à l'esprit que Golden Axe a été un hit dans les salles d'arcades et a marqué l'esprit des joueurs de l'époque. D'ailleurs, il suffit de regarder le nombre de portages, suites ou spin-off (+ d'une vingtaine !!!) de ce jeu pour comprendre le succès et l'impact qu'il a eu.
Dis l'oiseau, ho dis, emmène-moi
Mais avec tous ces portages, suites ou spin-off, y en a-t-il pas un qui meriterai un achat de nos jours ? En fait oui. Pour refaire, par curiosité, l'original à moindre coût, la version XBLA sur la Xbox360 semble être la meilleure. Mais le "must have" de la série Golden Axe est unanimement : Golden Axe : Revenge of Death Adder.
Anciennement 