B.Rap Boys (Kaneko)

Les tests et toute l'intimité de vos jeux préférés

B.Rap Boys (Kaneko)

Message par Kretinou » 16 Juillet 2013, 12:30

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Mais vous êtes fou ? Ho oui !

1992 est une année culminante du développement de l'arcade et du beat'em all par la même occasion. Durant cette période, le nombre de producteurs de jeux d'arcade qui ne se soit pas encore prêté à l'exercice de la baston est bien petit et Kaneko ne s'y subsituera pas. Petite Entreprise japonaise fondée en 1982, cette dernière travaillera longtemps dans l'ombre de Taito comme sous-traitant pour acquérir ses gallons. Ce n'est qu'au crépuscule des années 80 qu'elle commencera à faire parler d'elle en freelance avec surtout des titres comme Gal's Panic, Air Buster ou le brutal Blood Warrior. Du shoot'em up, du puzzle game, du versus fighting ; il ne manque plus que le beat'em all pour fermer la boucle.

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Gals Panic!, Air Buster et Blood Warrior

En 1989 sort le plus ou moins mitigé DJ Boy (ou DJ Kid en Jap) sur notre support préféré. Le jeu se déroule de manière horizontale et a pour thème le rap/hip hop à la sauce américaine. Une des "innovations" du jeu est de contrôler un personnage sur des patins à roulettes et affrontant d'autres personnages eux-mêmes pourvus de Rollers. Du coup, le scrolling est assez dynamique tout le long du jeu avec des éléments du décor à éviter. Si on étudie le plot, ce dernier est assez terne. On y incarne Bob, un BeBoy qui aime le rap et le breakdance (un peu comme nos jeunes des cités mais en plus bourgeois). Alors qu'il est en train de se trémousser sur des rythmes endiablés, il ne voit pas un méchant membre du clan des Dark Knights lui voler son gethoblaster. Ainsi démarre la poursuite à travers les divers niveaux du jeu pour récupérer son radio-cassettes bas de gamme de chez Lidl.


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Si chez les nippons ce beat'em all a été plutôt bien reçu, il n'en sera pas de même dans le pays puritain de l'Oncle Sam. En effet, nous savons que les japonais ont une vision propre à eux de l'orientation sexuelle ou de la differentiation de pigments. Du coup, DJ Boy recèle des caricatures qui ne passeront pas chez nos amis US. On peut prendre comme exemple les Big Mama, sorte d'africaines poussives tout en rondeurs avec un look façon 19ème siècle créole. Ces personnages in game sont affublés de déréglements gazeux avec des flatulences (parfois enflammées) pour vaincre Bob. On peut citer encore d'autres japonaiseries comme la nudité ou la pauvreté qui ne passeront pas. En fait la censure se fera surtout dans les versions US et Euro des adaptations destinées à la Megadrive. Certaines cut-scenes seront même supprimées.

Avec tout ces downgrades, le jeu se fera pulvériser aux Etats-Unis, manquant complètement le coche et allant jusqu'à rentrer dans le top ten d'un magasine comme un des plus mauvais jeu sur Genesis.

3 ans plus tard, Kaneko remet le couvert et sort une suite indirecte qui se nommera B.Rap Boys

Nique ton Joystick

Par suite indirecte, on parle surtout de la forme du jeu avec des personnages évoluants sur des patins à roulettes, skateboards ou BMX. Dans le fond, c'est une autre paire de manches car là, aucune intro ou présentation, pas d'infos sur les documents ou texte in game. Néanmoins, avec une première partie on comprend que le but du jeu est d'anéantir un chef de gang et de devenir l'ultimate warrior. Inutile donc de s'attarder sur le scénario et passons directement au casting :


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Nous avons droit à trois personnages pour autant de joueurs à l'écran :

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Top (oui c'est son nom ^^) est le combattant multifonctions. Coups de pieds longue portée, force et vitesse moyenne ; il est le choix des joueurs de la première heure. Capable de se battre sur un BMX, il sera tout aussi efficace sur des patins à roulettes.


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Pea (décidément ^^) est un asiatique aussi bon en skateboard que lorsqu'il faut mettre des tatannes. Il compensera la faiblesse de ses coups par la rapidité de l'éclair. Si par malheur il devait perdre son skateboard, il le remplacera avec des rollers. Profitez aussi de lui laisser les bâtons, il est l'un des meilleurs avec ce type d'armes.

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Pan (de son nom Panculcul) est l'armoire à glace du groupe. S'il ne dispose pas de BMX ou skateboard, il a en revanche des muscles et une casquette à l'envers. Capable de faire des piledriver à ses ennemis, il sera un bon comparse pour arriver jusqu'à la fin du jeu.


Au niveau des contrôles, pas de révolution ou de combinaisons phénoménales.

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No Sleep till Brooklyn

Stage 1

Comme on vous l'a dit plus haut, pas d'intro si ce n'est le magnifique reflet de la statue de la liberté dans l'eau en bordure d'une étendue d'eau. Welcome in New York ! Ouais enfin welcome pas tant que ça car à peine cette petite cut scene terminée, l'action démarre par la poursuite d'un pick-up entouré d'une nuée d'adversaires. Sur un scrolling dynamique, ça se castagne sec tout en évitant les instruments de musique déversés par le véhicule. On a droit à des ennemis vraiment hétéroclites avec une bonne dose d'humour lorsque les coups sont portés. C'est aussi assez surprenant de donner des tatanes avec un BMX ou un skateboard mais assez fun au final. Essayez, pour ceux qui disposent de ces "armes" de ne pas les perdre ; elles sont assez efficaces. Après avoir évité quelques rondins sur le chemin, on arrive en périphérie d'un parc d'attraction, le Dream Land, dans les quartiers ouest et avons un scrolling qui se stabilise. Attention à ne pas perdre votre skateborad ou BMX à l'entrée, devant un portique, il ne seront pas récupérables : jump !


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Entre deux stands de restauration rapide, vous aurez largement le temps de vous jeter bancs, poubelles ou autre mobilier sur la tronche. L'aventure se poursuit en affrontant un sous-boss au look bien improbable, fruit d'une fusion entre un Mexicano et un boxeur. À peine achevé, il vous faut grimper sur une attraction de type grand huit et éviter de ramasser des caisses lancées par deux bûcherons canadiens au look de Davy Crockett (non, je n'ai pas pris de drogue). En grand fracas digne du final du film "Speed", on fait face au boss final : un gringalet dans une armure de combat. Heureusement vous pourrez vous battre à armes égales en enfilant la vôtre à disposition. La victoire se termine avec quelques petits pas de dance façon MC Hammer.


Stage 2

On démarre le stage en dévalant une pente à plein régime et en faisant quelques sauts dans les bordures du stage. Arrivé à un plat, il y aura toujours autant d'ennemis mais avec de nouveaux arrivants : des taureaux. Les bestiaux sont brutaux et chargent tout ce qui se trouve sur leur chemin ; une Feria à éviter sous peine de côtes cassées. La descente continue et après un grand saut on retrouve le plancher des vaches.


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C'est là que vous traverserez un grand manoir en pensant à refaire la décoration et en transformant son contenu en brindilles ; c'est la propriétaire qui ne va pas être contente ! Bah tiens, parlons-en de la patronne, c'est elle que vous affronterez à la fin de ce stage dans son antre à l'image du cirque. Si elle n'est pas encore trop revêche, ses garde du corps, eux, seront féroces. Des lions, rien que ça.


Stage 3

Il est temps maintenant d'aller prendre l'air frais en montagne et donc d'utiliser une passerelle tractée comme une cabine de téléphérique. Gros défis ici pour ne pas être projeté hors de la plateforme par vos adversaires. Il faudra vraiment être mobile et ne pas rester sur votre position. Arrivé à destination au sommet, vous accéderez à une base secrète bien gardée.


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Beaucoup de moyens ont été mis à disposition pour vous arrêter ou ralentir votre progression. Le niveau se termine avec non pas un, mais deux boss bien au chaud dans leurs armures. Assez redoutables, ils n'hésiteront pas à jouer les boules de bowling pour vous faire tomber comme une quille. La victoire se fera sur un bon trait d'humour et évidemment de quelques pas de danse.


Stage 4

Nous voici en route pour le dernier stage dans les rues de ce qui ressemble à une copie de Las Vegas. Mais avant d'en arriver là, nous devons descendre de la montagne. À plein régime tout en évitant les taureaux toujours aussi vaches. Dans cette ville du vice, ce sont des kabuki, Karateka et autres pas beaux qui vous tiendront la dragée dure.


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Comme si ce n'était pas déjà assez compliqué, le sous-boss du stage 1 ainsi que la dresseuse du stage 2 viendront à nouveau tenter de vous dérouiller. Si vous arrivez à survivre à tout ça, vous verrez enfin le boss final pour l'affrontement ultime. En fait ça dépend, si vous y arrivez à deux ou trois joueurs il faudra d'abord déterminer le plus fort d'entre-vous comme dans Double Dragon. Le gagnant recevra un ticket pour combattre le chef du gang et peut-être accéder à sa place.

L'école du micro d'argent

Quatre stages !! What ?! Oui, mais ne vous alarmez pas, le jeu reste d'une durée tout à fait honorable. Néanmoins il faudra vous accrocher (surtout selon la version à laquelle vous jouez, c.f. plus bas) car la difficulté est assez costaud. Vous pourrez la régler à l'aide des dip switches mais cela aura une influence sur la durée de l'aventure. De plus, durant le jeu, hormis les continues infinis vous n'aurez pas vraiment de quoi faire remonter la barre d'énergie. Notez que cette dernière est imbriquée dans le compteur du score ce qui n'est pas évident à suivre.


Graphiquement on voltige entre le sympathique bien fouillé et soudain du vide qui comble le fond d'écran. Inégal. Si l'on braque son regard sur le fond du stage 1, c'est plutôt varié et bien embelli. Un peu plus loin dans l'aventure (stage 3) c'est très peu de variations dans le fond du scrolling. Du côté des sprites, il faut par contre avouer qu'un boulot de dingue a été effectué. Il a fallut à la fois dessiner les personnages sur leur monture comme sur leurs patins à roulettes. Beaucoup de mimiques et de gestes sur plusieurs frames peuvent être observés lors de la découpe du mouvement. Après tout ce mix donne un melting-pot de personnages hétéroclites dans un jeu qui prône le hop-hop comme le mettent en avant les flyers.


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Là où B.Rap Boys va sortir son épingle du jeu c'est clairement du côté des musiques. En fait on devrait plutôt parler de chansons dans ce cas : ici rien à dire le contrat de "latest rap sound" est rempli. Il faut vraiment se replacer dans le contexte d'une époque où les pauvres consoles 16 bits arrivaient à peine à crachoter des digits vocales alors qu'ici la PCB du jeu nous offre tout un florilège de Hip-Hip période années 80 qui en met clairement plein la tronche. Jouer à B.Rap Boys sur une installation équipée de deux bons haut-parleurs va vous projeter dans une expérience unique, stimulatrice et jouissive. Inutile de dire comme moi que vous n'aimez pas spécialement le rap, vous ne pourrez réchapper à ce son si particulier craché par les composants du jeu. Je pensais que depuis Violent Storm j'avais tout entendu ; je me trompais. S'il n'est pas possible d'écouter les musiques via le menu de la carte, voici tout de même un rip de quelques unes :


Echantillon musical du jeu - B.Rap Boys - Kaneko 1992

Il y a du beatbox pour du combat avec le boss du stage 1 ou de l'inspiration (disons carrément de la copie) de samples issus de chansons. Dans le désordre, pour les amateurs, on reconnaîtra du Heavy D & The Boyz - "The Overweight Lover's In The House", George Clinton - "Theme of the black hole", Johnny Pate - "Shaft in Africa" (on dirait par moment un mix de ce dernier avec du Cookie Crew) ainsi que du beatbox des Fat Boys. Vraiment superbe !

Les secrets de B.Rap Boys

Passons à un chapitre que j'adore et qui consiste à comparer et faire ressortir les petites différences de régions des jeux ; B.Rap Boys n'y échappe pas.


Pour commencer, aussi étonnant que cela puisse paraître, il y aurait un détail qui ferait dire que la version world serait sortie la première. Lorsqu'on compare la version US et JAP avec la world, on dénote des disparités infimes. Regardons déjà le "select characters" :


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Versions US/JAP (special) et version World

Oui, en effet, il y a une "spéciale" pour la version JAP/US et rien pour la World. De plus, on a droit à un décor de ville autour des personnages dans les versions amerloque et japonaise.

Toujours en fouillant dans le roms set des versions spéciales, il y a :


- 3 personnages de plus (le guerrier Kabuki par ex.),
- une rencontre au stage 1 avec le Boss final (ne le chatouillez pas, il est invulnérable),
- des mimiques supplémentaires pour chaque adversaire,
- des rondins de bois à éviter sur la route du stage 1,
- 6 vies à disposition au lieu de 3,
- les coups de bâtons sont plus agressifs quand vous les distribuez.

C'est à peu près tout pour le concret et mesurable.

Pour ce qui est du fantasque, il existe une légende dans les couloirs de Kaneko que le réalisateur de jeu vidéo s'était approché du groupe de rap "Beastie Boys" et de négocier les droits d'un jeu les mettant au premier plan. Malheureusement les 3 rappeurs déclinèrent la proposition et Kaneko sortit le jeu que nous connaissons. Mythe ?

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À gauche, à droite, tu sais pas où tu vas

Alors on pourrait dire de Kaneko qu'avec B.Rap Boys ils comblent toutes les faiblesses d'un beat'em all de Capcom mais n'arrivent pas à la cheville du producteur le plus reconnu. Musiques meilleures, mouvements et détails des sprites plus élaborés mais scénario inexistant, charisme particulier et décors plus légers. Ce jeu n'est clairement pas fait pour les aficionados adeptes des blockbusters de Capcom ou autres. Pour résumer, si Capcom devait être le Yin, Kaneko en serait le Yang sans forcément être la mauvaise face, juste différente. Avec B.Rap Boys on vire dans l'obscure mais sympatoche jeu d'arcade, sans prétention, dont le charme ne ravira que les acharnés des claques dans ta gueule et les joueurs aux oreilles sensibles. Ne manquez pas de l'essayer, à plusieurs il pourra vous procurer du plaisir et bien des sourires.

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Merci à :
Goji
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Re: B.Rap Boys (Kaneko)

Message par ゴジラ » 16 Juillet 2013, 15:41

Merci pour ce test, je m'y suis essayé (version spéciale) et j'ai trouvé ça très dur. Mais les musiques quoi :heart:
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Re: B.Rap Boys (Kaneko)

Message par Batman » 16 Juillet 2013, 18:40

t'a pas fini de sucer tout le monde ici, tu veux qu'on te ban?

j'rigole hein, je vis des moments dur la (spéciale dedic à ceux qui savent)
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Re: B.Rap Boys (Kaneko)

Message par Doufteu » 16 Juillet 2013, 21:59

Merci beaucoup pour le test! Bien écrit et belle références dans tes titres :)
j'ai toujours bien aimé ce jeu moi surtout les musiques!!!!

Juste un détail, c'est le "YIN" et le YANG. Mais comme dit, c'est un détail ^^
Tournoi arcade "La Bat'cade" 28,29 Novembre Strasbourg, plus d'infos à:

https://www.facebook.com/Labatcade
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Re: B.Rap Boys (Kaneko)

Message par Kretinou » 16 Juillet 2013, 22:14

Gracias pour les retours.

Doufteu: je note merci. J'essayerai de corriger ça demain :) :heart:
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